FRAGMENTS D'UN LONG VOYAGE AUX ETATS-UNIS
Raconte-moi l'autre Amérique Raconte-moi l'Amérique mais pas celle du libéralisme débridé, du lobby de l'industrie militaire, pas celle qui se réclame du Dieu chrétien et qui ne croit qu'au Dieu Dollar, de l'égocentrisme.
Non pas cette Amérique-là! Raconte-moi l'autre Amérique, celle qui est simple. L'Amérique où on peut acheter des légumes frais sans gardien au bord d'une route à Portland dans l'Etat de l'Oregon. A vous de choisir, de peser et de payer car il n'y a pas de vendeur. On vous laisse à votre conscience citoyenne de payer la somme exacte de vos achats. Oui! Cette Amérique existe non pas dans le Disney-Land ou dans les films hollywoodiens, mais dans la réalité. Raconte-moi cette « République étoilée» où on peut rentrer à l'intérieur de King Country, une prison à 65 km de la ville de Seattle, et interroger pendant deux heures un GI's en détention tout en étant journaliste d'un pays étranger.Raconte-moi ce pays où on peut récupérer n'importe quel document ou pièce de justice de n'importe quelle personne sans même se déplacer au palais ou a la cour. Il suffit juste d'un clic sur Internet, parce que ces documents sont du domaine public. Raconte-moi ce pays où le citoyen ne jure que par ses institutions élues et qui croit dur comme l'acier en sa justice. Dis-moi ce pays ou un GI's obtempère aux ordres d'un simple policier de la circulation et qui l'envoie en prison pour infraction au code de la route. Dis-moi toute cette Amérique. Mais pas l'Amérique qui a hissé au pouvoir des dictateurs et des tyrans à travers le monde. Celle qui a renversé des gouvernements démocratiques et qui a fermé les yeux sur de graves dépassements pour ne les ouvrir que lorsqu'il est trop tard. Pas cette Amérique tributaire de vieux mythes qui l'aveuglent et celle qui se fait le gendarme de l'Évangile.
Raconte-moi plutôt l'Amérique de ce sénateur des Massachusetts au nom mythique de John Fitzgerald Kennedy, qui, un certain 2 juillet 1957, monte a la tribune de la chambre haute, pour y prononcer le discours le plus important de sa jeune carrière politique. Son thème -La guerre d'Algérie- Raconte-moi cette Amérique du président Kennedy qui reçoit triomphalement le jeune président de la jeune République algérienne, Ahmed Ben Bella, offrant ainsi la première sortie officielle à l'Algérie indépendante. Raconte-moi cette Amérique qui, dans le cadre du programme Food for Peace, sauva près de quatre millions d'Algériens, de la famine durant l'hiver 1962-1963.
Cette Amérique disponible...
Raconte-moi cette Amérique mais pas celle qui engendre des grimaces. Pas celle qui considère que sa démocratie est un modèle élu par la Providence. Pas cette Amérique qui pose comme acte fondateur de la nouvelle démocratie babylonienne un assassinat d'Etat. Dis-moi l'autre Amérique, celle qui croit à la diplomatie, au triomphe de l'intelligence menant à la paix, non pas celle qui ne croit qu'à la puissance, à la démonstration militaire, à la guerre et à la loi du talion.
Raconte-moi cette Amérique blessée dans sa chair et gémissante durant la journée noire du 11 septembre 2001. Une douleur endurée par l'Algérie pendant dix ans pour avoir payé un lourd tribut de 200.000 morts. Après le 11 septembre, l'Algérie a poussé un « Ouf»: ´´Enfin, ils vont nous écouter, nous aider et nous comprendre´´ après dix ans d'appels au secours d'un peuple qui refusait de poser le deuxième genou à terre devant l'hydre terroriste. Cette hydre s'est régénérée grâce à l'Amérique. La guerre en Irak a redonné un second souffle à Al Qaîda. Des dizaines d'Algériens ont rejoint les rangs de l'organisation de Ben Laden pour aller combattre au nom de l'Islam, l'Amérique et ses alliés en Irak. Le cadeau irakien est inespéré pour les groupes armés algériens qui vivaient pourtant, leur dernier quart d'heure face à la résistance populaire et à la pression des services de sécurité. Non, pas cette Amérique! Celle qui tente de reproduire le mur de Berlin au Texas, pour contenir l'immigration mexicaine et en Irak, pour isoler les sunnites.
Parle-moi de cette Amérique toute simple de Mr Hall, ce ´´très journaliste´´. Ce reporter de guerre qui a reçu le prix Pulitzer mais qui, après 31 ans de métier, ne croit pas suspendre le monde au bout de sa plume. Dis-moi l'Amérique de Sarah Wolf, toujours disponible pour aider, écouter, et être utile, de Jim Simon ce prédicateur en chef à l'humilité exemplaire, de Patricia Alerte et qui se soucie jusqu'au moindre détail de votre séjour. Dis-moi l'Amérique de David qui, malgré son statut enviable à la tête d'une entreprise de presse, reste proche de ses 2000 employés, sans élever la voix ou le moindre signe de nervosité. Raconte-moi l'Amérique de Judy Yablonky, cette experte qui se démène sans contrepartie, juste pour mettre en pratique les idées américaines, celle de Hawley Johson infatigable et à la bonté exemplaire.
Dis-moi l'Amérique du professeur William Serrin attentif et qui vous tend sa main d'encouragement, de Marie et de Pascal qui vous reçoivent chez eux sans protocole, raconte-moi l'Amérique de Don Pine qui vous redonne confiance et vous projette dans le bain new-yorkais en vous lançant la sentence américaine ´´You can dot it!´´, celle du professeur Haynes qui, à 73 ans, communique chaque matin à ses étudiants, la vivacité d'un jeune de vingt ans, du professeur Mark Johnson qui vous écoute avec le sourire. Dites-moi toute cette Amérique simple. Raconte-moi ce pays qui donne sa chance à chaque individu. Cette Amérique où la race, la culture et la langue ne constituent pas un handicap dans la promotion sociale. Raconte-moi l'Amérique de cet homme retraité qui décide de se rendre en Afrique pour aider des enfants malades, l'Amérique de cet autre vieillard qui, en vous voyant perdu dans une avenue à New York, s'arrête à votre hauteur et vous propose gentiment son aide; cette Amérique où une citoyenne ou un citoyen peut circuler de jour comme de nuit sans crainte d'être agressé, malmené ou de se faire subtiliser son portable. Raconte-moi l'Amérique qui a vaincu le nazisme, qui a libéré Paris et qui a arraché l'Europe des griffes d'Adolphe Hitler. Pas l'Amérique d'Abou Ghareib, des pyjamas oranges et hideux de l'affreux bagne de Guantanamo. Pas cette Amérique qui tisse des liaisons secrètes avec les islamistes en Afghanistan pour contrer le communisme. Pas celle qui a inventé les camps d'entraînement ad hoc à Peshawar devenus le carrefour cosmopolite du jihad. Le monstre est sorti de la boîte à Pandore, ouverte une fois l'ennemi russe vaincu. Les bataillons islamistes armés dans le cadre de la coalition antisoviétique sont devenus incontrôlables et c'est le retour de flammes. Douze ans après la fin de la guerre en Afghanistan, l'Amérique se retrouve face à face avec ces mêmes hommes qu'elle a enfantés, armés et entraînés. Cette fois-ci, ils ne combattent pas contre les Soviets impies mais contre ''la maison du diable´´, l'Amérique.
Raconte-moi autre chose que ce triste visage, dis-moi la vie de cette nation rythmée par les fêtes religieuses et les événements populaires tout au long de l'année. Raconte-moi l'Amérique fêtarde et happy. Raconte-moi ces beaux spectacles improvisés dans les avenues de New York, dis-moi les pigeons et les écureuils du Washington Square en face de l'Université de New York. Raconte-moi l'ambiance et l'animation de minuit au Time-Square. Décris-moi ces processions interminables vers les salles de cinéma, le cirque à Madison Square Garden et vers les shows de Broadway.
Dis ce peuple qui lit dans les bus, le métro et les taxis, les cafés et les librairies.
...et festive
Ce pays qui fête l'anniversaire de Martin Luther King Jr. Raconte-moi le President's Day, une fête instaurée le troisième lundi de février pour tomber entre les anniversaires des illustres George Washington et Abraham Lincoln. Explique-moi le Memorial Day qui est une fête en souvenir de tous les Américains morts au combat. Raconte-moi l'Independence Day célébré chaque 4 juillet, le Labor Day qui est une fête du travail. Dis-moi l'histoire du Colombus Day en souvenir de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, le Veterans Day qui est le jour de l'armistice de la Guerre mondiale, le Thanksgiving Day, qui célèbre chaque année le repas donné par les premiers immigrants aux Indiens.
Raconte-moi le Festival des roses au début de juin à Portland dans l'Etat de Washington raconte-moi la Fête des cerisiers en fleurs dans Japantown à San Francisco et Seattle. Raconte-moi cette autre Amérique mais pas celle qui a réduit à néant par ses bombes atomiques Hiroshima et Nagasaki au Japon, pas celle qui a lancé des milliers de tonnes de bombes sur le Vietnam, pas celle qui largue des ´´faucheuses de marguerites´´ pour camoufler ensuite le massacre de civils par la fable des dégâts collatéraux. Raconte-moi cette autre Amérique, simple et fragile comme une rose de printemps.
Envoyé spécial à Seattle Brahim TAKHEROUBT, Le 13 Juin 2007
Non pas cette Amérique-là! Raconte-moi l'autre Amérique, celle qui est simple. L'Amérique où on peut acheter des légumes frais sans gardien au bord d'une route à Portland dans l'Etat de l'Oregon. A vous de choisir, de peser et de payer car il n'y a pas de vendeur. On vous laisse à votre conscience citoyenne de payer la somme exacte de vos achats. Oui! Cette Amérique existe non pas dans le Disney-Land ou dans les films hollywoodiens, mais dans la réalité. Raconte-moi cette « République étoilée» où on peut rentrer à l'intérieur de King Country, une prison à 65 km de la ville de Seattle, et interroger pendant deux heures un GI's en détention tout en étant journaliste d'un pays étranger.Raconte-moi ce pays où on peut récupérer n'importe quel document ou pièce de justice de n'importe quelle personne sans même se déplacer au palais ou a la cour. Il suffit juste d'un clic sur Internet, parce que ces documents sont du domaine public. Raconte-moi ce pays où le citoyen ne jure que par ses institutions élues et qui croit dur comme l'acier en sa justice. Dis-moi ce pays ou un GI's obtempère aux ordres d'un simple policier de la circulation et qui l'envoie en prison pour infraction au code de la route. Dis-moi toute cette Amérique. Mais pas l'Amérique qui a hissé au pouvoir des dictateurs et des tyrans à travers le monde. Celle qui a renversé des gouvernements démocratiques et qui a fermé les yeux sur de graves dépassements pour ne les ouvrir que lorsqu'il est trop tard. Pas cette Amérique tributaire de vieux mythes qui l'aveuglent et celle qui se fait le gendarme de l'Évangile.
Raconte-moi plutôt l'Amérique de ce sénateur des Massachusetts au nom mythique de John Fitzgerald Kennedy, qui, un certain 2 juillet 1957, monte a la tribune de la chambre haute, pour y prononcer le discours le plus important de sa jeune carrière politique. Son thème -La guerre d'Algérie- Raconte-moi cette Amérique du président Kennedy qui reçoit triomphalement le jeune président de la jeune République algérienne, Ahmed Ben Bella, offrant ainsi la première sortie officielle à l'Algérie indépendante. Raconte-moi cette Amérique qui, dans le cadre du programme Food for Peace, sauva près de quatre millions d'Algériens, de la famine durant l'hiver 1962-1963.
Cette Amérique disponible...
Raconte-moi cette Amérique mais pas celle qui engendre des grimaces. Pas celle qui considère que sa démocratie est un modèle élu par la Providence. Pas cette Amérique qui pose comme acte fondateur de la nouvelle démocratie babylonienne un assassinat d'Etat. Dis-moi l'autre Amérique, celle qui croit à la diplomatie, au triomphe de l'intelligence menant à la paix, non pas celle qui ne croit qu'à la puissance, à la démonstration militaire, à la guerre et à la loi du talion.
Raconte-moi cette Amérique blessée dans sa chair et gémissante durant la journée noire du 11 septembre 2001. Une douleur endurée par l'Algérie pendant dix ans pour avoir payé un lourd tribut de 200.000 morts. Après le 11 septembre, l'Algérie a poussé un « Ouf»: ´´Enfin, ils vont nous écouter, nous aider et nous comprendre´´ après dix ans d'appels au secours d'un peuple qui refusait de poser le deuxième genou à terre devant l'hydre terroriste. Cette hydre s'est régénérée grâce à l'Amérique. La guerre en Irak a redonné un second souffle à Al Qaîda. Des dizaines d'Algériens ont rejoint les rangs de l'organisation de Ben Laden pour aller combattre au nom de l'Islam, l'Amérique et ses alliés en Irak. Le cadeau irakien est inespéré pour les groupes armés algériens qui vivaient pourtant, leur dernier quart d'heure face à la résistance populaire et à la pression des services de sécurité. Non, pas cette Amérique! Celle qui tente de reproduire le mur de Berlin au Texas, pour contenir l'immigration mexicaine et en Irak, pour isoler les sunnites.
Parle-moi de cette Amérique toute simple de Mr Hall, ce ´´très journaliste´´. Ce reporter de guerre qui a reçu le prix Pulitzer mais qui, après 31 ans de métier, ne croit pas suspendre le monde au bout de sa plume. Dis-moi l'Amérique de Sarah Wolf, toujours disponible pour aider, écouter, et être utile, de Jim Simon ce prédicateur en chef à l'humilité exemplaire, de Patricia Alerte et qui se soucie jusqu'au moindre détail de votre séjour. Dis-moi l'Amérique de David qui, malgré son statut enviable à la tête d'une entreprise de presse, reste proche de ses 2000 employés, sans élever la voix ou le moindre signe de nervosité. Raconte-moi l'Amérique de Judy Yablonky, cette experte qui se démène sans contrepartie, juste pour mettre en pratique les idées américaines, celle de Hawley Johson infatigable et à la bonté exemplaire.
Dis-moi l'Amérique du professeur William Serrin attentif et qui vous tend sa main d'encouragement, de Marie et de Pascal qui vous reçoivent chez eux sans protocole, raconte-moi l'Amérique de Don Pine qui vous redonne confiance et vous projette dans le bain new-yorkais en vous lançant la sentence américaine ´´You can dot it!´´, celle du professeur Haynes qui, à 73 ans, communique chaque matin à ses étudiants, la vivacité d'un jeune de vingt ans, du professeur Mark Johnson qui vous écoute avec le sourire. Dites-moi toute cette Amérique simple. Raconte-moi ce pays qui donne sa chance à chaque individu. Cette Amérique où la race, la culture et la langue ne constituent pas un handicap dans la promotion sociale. Raconte-moi l'Amérique de cet homme retraité qui décide de se rendre en Afrique pour aider des enfants malades, l'Amérique de cet autre vieillard qui, en vous voyant perdu dans une avenue à New York, s'arrête à votre hauteur et vous propose gentiment son aide; cette Amérique où une citoyenne ou un citoyen peut circuler de jour comme de nuit sans crainte d'être agressé, malmené ou de se faire subtiliser son portable. Raconte-moi l'Amérique qui a vaincu le nazisme, qui a libéré Paris et qui a arraché l'Europe des griffes d'Adolphe Hitler. Pas l'Amérique d'Abou Ghareib, des pyjamas oranges et hideux de l'affreux bagne de Guantanamo. Pas cette Amérique qui tisse des liaisons secrètes avec les islamistes en Afghanistan pour contrer le communisme. Pas celle qui a inventé les camps d'entraînement ad hoc à Peshawar devenus le carrefour cosmopolite du jihad. Le monstre est sorti de la boîte à Pandore, ouverte une fois l'ennemi russe vaincu. Les bataillons islamistes armés dans le cadre de la coalition antisoviétique sont devenus incontrôlables et c'est le retour de flammes. Douze ans après la fin de la guerre en Afghanistan, l'Amérique se retrouve face à face avec ces mêmes hommes qu'elle a enfantés, armés et entraînés. Cette fois-ci, ils ne combattent pas contre les Soviets impies mais contre ''la maison du diable´´, l'Amérique.
Raconte-moi autre chose que ce triste visage, dis-moi la vie de cette nation rythmée par les fêtes religieuses et les événements populaires tout au long de l'année. Raconte-moi l'Amérique fêtarde et happy. Raconte-moi ces beaux spectacles improvisés dans les avenues de New York, dis-moi les pigeons et les écureuils du Washington Square en face de l'Université de New York. Raconte-moi l'ambiance et l'animation de minuit au Time-Square. Décris-moi ces processions interminables vers les salles de cinéma, le cirque à Madison Square Garden et vers les shows de Broadway.
Dis ce peuple qui lit dans les bus, le métro et les taxis, les cafés et les librairies.
...et festive
Ce pays qui fête l'anniversaire de Martin Luther King Jr. Raconte-moi le President's Day, une fête instaurée le troisième lundi de février pour tomber entre les anniversaires des illustres George Washington et Abraham Lincoln. Explique-moi le Memorial Day qui est une fête en souvenir de tous les Américains morts au combat. Raconte-moi l'Independence Day célébré chaque 4 juillet, le Labor Day qui est une fête du travail. Dis-moi l'histoire du Colombus Day en souvenir de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, le Veterans Day qui est le jour de l'armistice de la Guerre mondiale, le Thanksgiving Day, qui célèbre chaque année le repas donné par les premiers immigrants aux Indiens.
Raconte-moi le Festival des roses au début de juin à Portland dans l'Etat de Washington raconte-moi la Fête des cerisiers en fleurs dans Japantown à San Francisco et Seattle. Raconte-moi cette autre Amérique mais pas celle qui a réduit à néant par ses bombes atomiques Hiroshima et Nagasaki au Japon, pas celle qui a lancé des milliers de tonnes de bombes sur le Vietnam, pas celle qui largue des ´´faucheuses de marguerites´´ pour camoufler ensuite le massacre de civils par la fable des dégâts collatéraux. Raconte-moi cette autre Amérique, simple et fragile comme une rose de printemps.
Envoyé spécial à Seattle Brahim TAKHEROUBT, Le 13 Juin 2007
0 Comments:
Post a Comment
<< Home