Friday, December 22, 2006

GUERRE D’ALGERIE : Le rôle de la Kabylie toujours occulté

GUERRE D’ALGERIE : Le rôle de la Kabylie toujours occulté

Samedi 6 novembre 2004 - Ferhat Mehenni


Le regard de l’histoire sur ce que fut la guerre d’Algérie se détourne toujours de son acteur principal : la Kabylie. Ni les livres publiés jusqu’ici, ni les nombreux articles parus à l’occasion de ce cinquantenaire du 1er novembre 1954 n’en font cas.
En Algérie comme en France, évoquer la Kabylie et son rôle de premier plan dans cet épisode bouscule trop d’intérêts et d’idées reçues. Alors, de part et d’autre de la Méditerranée on préfère amputer la mémoire de ce qu’elle a de contrariant et de subversif. Tous savent que sans cette partie du pays, la guerre d’indépendance n’aurait sûrement jamais eu lieu, mais il ne faut surtout pas le dire.

En Algérie où la légitimité du pouvoir repose sur la " révolution " et son exercice sur le régionalisme, rendre compte de la bravoure kabyle dans le combat libérateur équivaudrait à glorifier une région que l’on tente d’éloigner de la gestion du pays, de réduire par la répression et de dépersonnaliser par l’arabisation. D’héroïne de la guerre de libération, la Kabylie est reléguée, au lendemain de l’indépendance, au rang " d’ennemi interne " de la nation. Cela a pour avantage de décomplexer vis-à-vis d’elle les régions du pays qui n’avaient pas pris part plus activement à l’entreprise nationale .et de faire un coup d’Etat à l’Histoire. En effet le slogan " un seul héros : le peuple !" lancé en 1962, pour occulter l’identité des véritables artisans de cette décolonisation au profit des " planqués " au Maroc et en Tunisie pendant la guerre et qui venaient de prendre le pouvoir à Alger au lendemain de l’indépendance, a, depuis, atteint son objectif.

La France, de son côté, n’a pas d’autre choix que de tourner la page de " l’Algérie française ". Il n’est pas dans la vocation des vaincus de tresser des lauriers à ceux qui les ont battus. " La politique arabe " de la France esquissée du temps de Napoléon III s’est renforcée au fil des décennies au détriment de l’amazighité nord-africaine en général et de la kabylité en particulier. La volonté de la France de reprendre en main, ces derniers temps, les pays de son ancien empire colonial pour affirmer son rang à l’échelle de l’Europe et du monde l’oblige à caresser dans le sens du poil la plupart des pouvoirs qui y sont en place dont celui d’Alger, quand bien même ils sont loin des valeurs qu’elle cultive en métropole. Depuis la deuxième guerre du Golfe, la recherche par l’Elysée de soutiens contre l’influence de l’hyper puissance américaine dans cette partie du monde a rendu la " patrie des Droits de l’Homme " moins regardante sur ses fréquentations. L’Algérie est devenue un atout majeur de la France en Afrique du Nord. C’est ainsi que la Kabylie, démocrate et francophile, est sacrifiée sur l’autel des intérêts stratégiques du moment. La Kabylie n’a pas de voix à l’ONU pour intéresser le Quai d’Orsay en cette conjoncture particulière. Enfin, les colossales réserves pétrolières de l’Algérie ont eu définitivement raison des derniers scrupules que certains responsables politiques dans l’Hexagone nourrissent à l’égard du peuple kabyle.

Pourtant, avec le recul dont nous disposons, nous pouvons enfin restituer aux Kabyles ce qui leur appartient ; autant pour la vérité historique que pour ce que nos peuples respectifs sont devenus : plus que des amis, des frères dont les intérêts vitaux sont intimement liés. Ayons le courage de le reconnaître : la guerre d’Algérie n’opposait principalement que les Kabyles au système colonial français. Il ne s’agit pas ici de nier ou de remettre en cause la part non négligeable des actions menées ici ou là par d’autres régions d’Algérie durant ces violences mais de rendre à la Kabylie et aux Kabyles la part de mémoire dont ils ont été spoliés depuis. C’étaient les Kabyles qui avaient porté à bout de bras l’essentiel tant du mouvement national que de la guerre d’Algérie. C’étaient eux qui avaient ronéotypé le tract de la " Déclaration " du 1er novembre 1954 et qui avaient envoyé des hommes, dans d’autres régions, tirer les premiers coups de feu pour faire croire à une insurrection nationale. Les renforts de troupes dépêchés par l’armée française pour venir à bout des " fellaghas " étaient pour la plupart dirigés vers la Kabylie qui demeurait une aire de résistance particulièrement tenace. C’était contre le maquis kabyle que les bombardements au napalm étaient expérimentés. La majorité des populations déplacées des " zones interdites " étaient pratiquement toutes kabyles. On peut ajouter le fait que le seul Congrès du FLN tenu pendant la guerre, le 20 août 1956, s’était tenu en Kabylie au nez et à la barbe de la fine fleur du renseignement français. Enfin, l’offre d’indépendance séparée n’était faite, en vain, par la France qu’aux Kabyles.

Pour autant, malgré la violence de la guerre qui nous avait opposés, on se méprendrait sur le regard qu’a le Kabyle pour le Français. En ce temps-là déjà, le Kabyle ne le haïssait pas. Au contraire, il l’admirait. S’il le défiait c’était davantage pour se faire admettre comme son égal que pour sa nature revancharde. Il l’admirait autant pour sa maîtrise de la technologie, son instruction, que ses réalisations urbanistiques. Ce qu’il ne supportait pas de sa part, c’était le système colonial et l’humiliation que la colonisation avait fait subir à la Kabylie au lendemain de son soulèvement de 1871 sous la direction d’Amokrane (El Mokrani) et de Cheikh Ahddad. Depuis, la braise était sous le pied nu. Il n’y a rien de plus cher pour un Kabyle que sa liberté. Jusqu’à la guerre d’indépendance, il n’avait de cesse de remuer ciel et terre pour retrouver sa fierté et son honneur perdus sur sa terre. Toutefois, dès les premiers contingents d’émigrés venus en France à partir de la fin du 19e siècle, les Kabyles vont commencer à aimer petit à petit celle-ci. Ils y font l’apprentissage de la modernité, des luttes sociales et des idées héritées du siècle des Lumières. N’étaient le système colonial avec sa cohorte de discriminations et le déni d’existence du peuple kabyle, ils auraient volontiers contribué à l’ŦAcirc;?uvre civilisatrice française. On le voit aisément aujourd’hui : le Kabyle ne s’est jamais senti aussi proche de la France que depuis qu’il a honoré son contrat avec son arrière grand-père de 1871. Il n’y a jamais eu autant d’immigrés kabyles dans l’Hexagone que depuis l’indépendance de l’Algérie. Ils s’y sentent enfin citoyens et considèrent la France comme leur patrie naturelle après la Kabylie. La confrontation s’est enfin mue chez eux en amour, voire en dévotion pour la France. Pendant cette douloureuse épreuve qui les avait opposés mais aussi ce grand compagnonnage entre le peuple kabyle et le peuple français, chacun a pu apprécier à sa juste mesure la valeur de l’autre.

Toutefois, si la réconciliation entre Français et Kabyles est exemplaire, si ces derniers s’intègrent en France comme leurs prédécesseurs Italiens, sans faire de bruit, les institutions françaises qui évoluent plus lentement, gardent toujours quant à elles de la méfiance à l’encontre de ceux qui furent le fer de lance de la perte de " l’Algérie française ".

Mais à la vitesse où va le monde, le fossé peut être comblé très vite pour le bonheur des uns et des autres et pour que, demain, le Français et le Kabyle se sentent chacun chez lui sur la terre de l’autre. Il ne sert à rien d’occulter l’Histoire, il faut la dépasser en la digérant. Je reste persuadé que l’avenir de la Kabylie sera fonction de l’attitude de la France vis-à-vis du combat du peuple kabyle pour son droit à l’existence. Cet avenir ne saurait se concevoir en dehors d’un état régional autonome ou fédéral en Algérie si, du moins, on veut comprendre le pourquoi de la guerre d’Algérie. La France, en voyant d’un bon ŦAcirc;?il la revendication actuelle de la Kabylie, gagnerait en influence et en enracinement linguistique dans une partie du monde particulièrement acquise à une autre culture.

Par Ferhat Mehenni, auteur de " Algérie : la question kabyle ", Ed. Michalon, 2004

http://www.makabylie.info/ahric4/communiques/com_suite_news.php?id_news=105

2 Comments:

Blogger cirta said...

Kabyle je suis !!

mais pourquoi vouloir rattaché 'heroisme de nos parents a la france !!

je ne voit pas le conflit d'amoureux pendant la revolution !!

nous avons fait partir les francais, nous les kabyles, les chaouis les berberes en somme

car nous sommes un vieux peuple plus vieux que n'importe qu'elle entité germanique et nous en avons conscience, la difference avec les arabes se situe la et pas ailleurs nous n'avons pas de complexe !!

feu mon pére disait 'aroumi' ce n'etait pas de l'admiration ou de l'amour comme vous le suggéré mais pourquoi sont ils les plus fort !!!

ils sont allez a l'ecole francaise
pour etre meilleures que le francais (ifagh aroumi) pour (adhissouvarr averani).

ici, nous avons deja beaucoup a faire avec les arabo khoroto pour nous farcir encore une couche pathetique de porte couille

dite vous bien que ceux qui ont emigré en france ne l'ont pas fait de gaité de coeur (tamara) et que ceux la leurs enfants ou leurs petits enfants oublieront d'ou ils viennent, ils se rattacheront a vercingetorix et la numidie leur
paraiteras comme un objet exotique.

alors au lieu de servir la france en declin servez donc la kabylie.

laissons tombez cette philosophie de bar,tabac et attelons nous a enrichir les kabyles car le pseudo arabe est moneyable

voila bien a vous §§§

2:23 PM  
Blogger Muslim said...

C'est article est historiquement faux ! Les kabyles étaient les plus dociles envers l'occupation française cela est relaté dans les journaux d’expédition militaire. Aujourd'hui bon nombre de kabyles se vantent d'être chrétiens !

8:26 AM  

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